Esteli

Alors donc, le Nicaragua...

Par où commencer ?

Perso, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c'est un pays qui m'a toujours attiré... Son histoire récente avec la révolution sandiniste qui a mis fin à la dictature des Somoza (père et fils), sa résistance face à l'ingérence américaine qui a appuyé les différents dictateurs ainsi que les Contras lors de la révolution des années 80... je pense que ce désir d'indépendance m'a un peu influencé pendant mon adolescence...je me rappelle de longues soirées à écouter "Sandinista" le triple album des Clash et à me documenter sur cette partie du monde...

Victor "Enrique", un ancien révolutionnaire qui nous a expliqué l'histoire du Nicaragua et la sienne...

Mais également mon premier voyage en Amérique centrale, au Costa-Rica, en 1990, alors que les sandinistes venaient de perdre les élections au Nicaragua, m'a permis de côtoyer quelques Nicas qui parlaient avec conviction de leur pays et de leur histoire...

Nous sommes donc arrivés au Nicaragua, par le Nord du pays et avons fait notre première halte à Esteli, ville qui a été au coeur des combats lors des années 80, car fief du sandinisme.

Les premiers constats, par rapport au Mexique et au Guaté : peu de touristes, pas de population indigène, les Nicas sont habillés comme nous et donc à part la couleur de la peau, rien ne nous différencie... On est effectivement plutôt anonyme ici; malgrè le peu de touristes, on n'est pas sans arrêt dévisagé ( surtout les filles avec leurs cheveux blonds...) mais on s'est aussi aperçu que les gens sont moins spontanément souriants que dans les pays précédents... On note une certaine gravité dans leurs visages, leurs regards...

Une fois que l'on a rompu la glace, que l'on commence à parler avec eux, cela est moins vrai, dans les relations entre particuliers, mais pas toujours en société... Je ne veux pas tirer des conclusions à 2 francs - 6 sous mais forcément, tous les gens qui ont notre âge ont vécu la révolution et aussi les atrocités qui vont avec... 

Quand Nelson nous a parlé des gens de sa famille morts, des personnes de la communauté qui ont été torturé à la machette : bras coupés, menton pour les barbus, qu'il nous explique que sa mère est allée un jour à l'église du village pour mettre un cierge pour son frêre qui était à la guerre et qu'elle est rentrée en pleurant par ce que l'église était remplie de corps d'hommes du village, qu'il nous montre la cicatrice de la balle qu'il s'est pris dans la jambe, qu'il nous dit que dans les familles certains se battaient pour les sandinistes mais que leurs enfants qui étaient obligés de faire le service militaire se battaient contre eux, ...

On comprend un peu mieux pourquoi ils n'ont pas toujours envie de sourire... mais d'un autre côté, ils ont une foie en la vie assez impressionnante, comme Antonio, le pêcheur avec qui nous avons bu quelques rhums, qui n'est jamais allé à l'école mais qui élève ses 7 enfants en leur offrant ce qu'il n'a jamais connu ( un foyer, des repas tous les jours et surtout des études : sa fierté de nous dire que son aîné est médecin...)

De superbes rencontres à nouveau, et c'est bien pour celà qu'on a voulu faire ce voyage...

A Esteli, donc, nous sommes allés pendant deux jours et deux nuits, chez Nelson et Lorena, dans la réserve de Miraflores, qui accueillent des touristes chez eux, pour promouvoir leur région et surtout leur permettre d'élever correctement leurs trois enfants. Toute la communauté de Miraflores procède de la même façon et quand une famille a des touristes, c'est toute la communauté qui en profite ( location des chevaux pour les balades, visites des différents lieux intéressants avec paiement d'un droit d'entrée sur les terrains des particuliers, ...)

Pour aller chez Nelson, une bonne heure de bus brinquebalant sur une piste bien défoncée et ensuite une demi-heure de marche sur un chemin dans la montagne (heureusement qu'on avait pris un seul sac...) avant d'arriver à la finca Linda Vista ( et effectivement, la vue est superbe, sur toute la vallée de Miraflores, jusqu'à la frontière du Honduras.

Nelson a une petite finca : un cheval (indispensable dans la région !) et cinq vaches, il cultive du maïs, des haricots suivant les saisons et a une bananeraie devant sa maison ... Je vous jure que le coucher de soleil depuis sa terrasse est aussi très sympa !!!

En fait, voir tous les soirs un super coucher de soleil, ça doit lasser à la fin ;-))

Nelson nous avait prévenu en arrivant, que comme on habitait chez lui, on était comme sa famille et effectivement on a pu le remarquer dès le premier soir, c'était l'anniversaire de Yoléna, sa fille aînée ( 20 ans) et on a été invité avec toute la famille et les "voisins" ( l'habitat est super dispersé à Miraflores, ils habitaient tous à au moins un km, voire plus et sont venus à cheval, pratique le soir quand on rentre un peu bourré, le cheval connait le chemin ! J'en connais quelque-uns qui devraient en France investir dans le canasson... fermons la parenthèse sinon, je vais avoir moi aussi les oreilles qui sifflent ;-))

On a vérifié lors de cette première soirée (et par la suite encore) que les Nicas sont nés avec une guitare dans le berceau. Par la suite, nous avons encore fait une balade à cheval (Salomé commence à y prendre plaisir, il fallait parce que là, c'était 5 h...), nous sommes allés voir la communauté qui nettoyait une lagune pour pouvoir pêcher (je me suis jeté à l'eau pour les aider, résultat : ZERO poissons !!!, bon, il faut dire pour ma décharge que le filet qu'ils avaient loué était trop petit et que les poissons pouvaient s'échapper ( un des "vieux" de la communauté était d'ailleurs furax quand il a vu la taille du filet...)

Bon, je vous laisse, j'ai une partie de billard qui m'attend !

hasta luego ! 

Ajout d'une vidéo sur Miraflores (pour les motivés !)